Saint-Martin, le 16 juin 2024, Mme la Sous-préfète, M le major de gendarmerie de Gréoux Valensole Mr le chef de corps des sapeurs-pompiers de Saint-Martin et ses membres, Mmes Ms les élus de la commune de Le Val, Mr le maire et ancien maire de la commune de Montfort-sur-Argens, Mmes Ms membres du souvenir français, Mme Ms les Porte-drapeaux, Mme la conseillère départementale, Mmes Ms les élus de Saint-Martin-de-Brômes, M le président de la Médaille du souvenir Français Mesdames Messieurs, Chers Saint-Martinois, chers amis, Il y a 80 ans La terreur et l’horreur ont régné. Ne l’oublions jamais ! Entre février et août 1944 La 8ème compagnie de Brandebourgeois pille, torture et tue. Abuse d’une violence extrême. Effacer l’humain, l’éradiquer, leurs exactions dépassent les limites humaines. La 8ème compagnie de Brandebourgeois a pour mission l’infiltration des maquis. Pour cela leur groupe civil, portait l’uniforme des chantiers de jeunesse. Quelquefois, il revêtait celui de l’armée allemande. Ces français en uniforme allemand ne cesseront de questionner la population. Dans notre département du 11 au 17 juin 1944 se développe la première grande réaction militaire allemande aux événements qui découlent du 6 juin. De Saint-André à Barrême, à Mézel, à Valensole ainsi qu’à Saint-Julien du Verdon ou le 11 juin 13 jeunes gens sont abattus. Le 16 juin à Valensole et sur le plateau 7 tués, Gréoux-les-Bains une exécution, Allemagne-en-Provence 8 exécutions dont 6 sur la place même du village avec l’exécution du maire. Arrivée le 6 juin à Vinon-sur-Verdon, les brandebourgeois sont chargés d’infiltrer et de détruire la 14ème compagnie de résistants. Au matin du 16 juin 1944, un déploiement considérable se met en place depuis leur base à Vinon-sur-Verdon. C’est dans ce contexte de terreur que 15 jeunes originaires du Var, Marius Monti et Arsène Burle seront assassinés. Les 15 jeunes varois se sont engagés pour rejoindre la résistance. Ils sont aperçus la veille au soir à Riez, se désaltérant à une fontaine. Ils sont capturés par l’armée Allemande. Transportés par les Brandebourgeois qui leur promettent du travail en Allemagne. Ils assistent à l’exécution, avec toute la population, sur la place du village d’Allemagne, Le curé intercède auprès des Allemands pour qu’on laisse la vie sauve à ces jeunes. On lui promet que ce sera le cas. Au bas du vallon des bayles, le convoi stoppe. Les Saint-martinois diront à la commission d’enquête : « Avoir aperçu deux camions allemands arrêtés à hauteur du ravin et bien entendu les crépitement nourris des rafales de mitraillette ». Au creux d’un talus, au pied de ce frais ravin, les Brandebourgeois tuent encore. Ils tuent des jeunes, des enfants, des adultes tout juste sortis de l’adolescence pour vivre cette dure réalité, de cette Histoire, qu’ils ont éprouvé. 15 jeunes qui n’avaient au cœur que liberté. Et l’envie de vivre que l’on éprouve lorsqu’on a entre 17 et 24 ans. Des hommes insurgés, Décidés à résister à l’occupation Allemande, au gouvernement de la capitulation, décidés à lutter contre une vision d’avenir dans laquelle ils ne se reconnaissaient pas. De la commune de LE VAL +Louis Bagarre 18 ans +Raphaël Fabiano, 17 ans +Camille Héraud 18 ans, De la commune de CARCES +Eugène Botto, 20 ans +Gabriel Unia 19 ans +Max Mares 18 ans De la commune de MONTFORT SUR ARGENS +André Cabasse 21 ans +Alexandre Sappa 20 ans +Constant Fagginolo 20 ans De la commune de BRIGNOLES +Roland Bertolucci 18 ans +Joseph Prestia 24 ans +Jean Magakian 18 ans +Gabriel Simondi 20 ans +Enzio Cantini 22 ans Et un inconnu italien. Deux des quatre rescapés de l’horreur firent le témoignage des événements et permirent de confondre le chauffeur du bus, un civil varois qui sera après la libération condamné à mort et fusillé. Au village, la colonne militaire allemande et les Brandebourgeois, Pratique la terreur. Ils rassemblent la population sur la place du village. Les hommes, les femmes et les enfants. Les maisons des élus municipaux communistes et des résistants sont fouillées, les familles questionnées. Les souvenirs sont vifs et précis de ces instants d’horreur, d’interrogations de l’avenir dans les mémoires de celles et ceux qui l’ont vécu. Et de dire encore des années plus tard « J’entends encore le bruit des bottes, au pas cadencés des soldats allemands ». Je cite le maire Yvan Baud « Toute la population dut entendre un palabre fait par un officier de la colonne, un lieutenant, portant des lunettes et de haute taille, qui son discours terminé, fit jouer au phono, une vibrante marseillaise après avoir terminé par « à bon entendeur salut ». Il était accompagné d’un très gros chien policier de couleur jaune. Le 19 juin, Camille Angelvin, fait la découverte macabre des 15 corps. C’est le choc pour tout le village. Ils sont transportés, Et inhumés pour un temps dans le cimetière du village. Rendons leur hommage et saluons leur engagement Ils n’étaient pas de Saint Martin, mais pour nous ils le sont devenus. Ce vallon, son nom, pour les saint Martinois sera pour toujours associer à ce crime de guerre. Leur sang s’est épanché ici et c’est cette terre qui l’a bu. Ils sont ici chez eux. Arsène Burle, 46 ans, a payé de sa vie la résistance à l’ennemi. Arsène Burle est saint martinois, élu communiste, il est condamné à l’internement, le 11 novembre 1940 par le préfet des Basses Alpes avec 5 autres communistes du département. Annoncée par le journal l’éclaireur sous le titre « les indésirables » Ou « balayez nettoyez, épurez » selon le journal fasciste Gringoire. Il prend alors le maquis avec un groupe de saint-martinois. Lorsqu’il a su les Allemands au village, il a su sa mère en danger. Seul son cœur a parlé, il est revenu. Au coin de la place qui porte aujourd’hui son nom ; il tente d’observer les événements quand il est découvert et capturé. Lui aussi on le déplace, entre Valensole et Gréoux-les-Bains, Lui aussi, on lui laisse penser qu’il va rentrer chez lui Au milieu du champ, on le tue dans le dos. Le prix de son engagement politique, la lutte pour la liberté fut la mort. Nous n’oublierons pas qu’Arsène Burle est mort pour son engagement politique. Marius Monti, est né en 1924 à Cannes. Agé de 20 ans, il est membre du mouvement de résistance action R2 et rejoint les francs-tireurs et partisans du plateau de Valensole. Lors des événements du 16 juin, il est caché dans le grenier d’une ferme à la limite de Saint Martin, sur la commune de Valensole. Découvert, il fuit, les Brandebourgeois lui tirent dans les jambes, le torturent, Et l’abatte au pied d’un amandier dans le vallon de Peire amare ou nous nous sommes rendus un peu plus tôt ce matin pour saluer sa mémoire. Nous n’oublions pas Marius Monti et son engagement Et en particulier la présence de Magalie Mattéi qui veille toute l’année à préserver sa mémoire et entretenir sa stèle. Les Brandebourgeois de la section de Sohn sont passés ici. Ils ont meurtri, tué, Ils ont laissé une marque indélébile gravée dans nos cœurs Et même si la mémoire de celles et ceux qui ont vécu ses horreurs, avec eux s’éteint. La reconnaissance est inscrite dans nos gênes. Nous gardons pour toujours en nous ses atrocités et la mort de ces jeunes. Nous n’oublions pas que c’étaient des Français tués par des Français Que reste-t-il de ces Hommes ? De leurs combats ? Des photos de famille, Que reste-t-il de leur rêve de liberté de paix ? Souvenons-nous qu’ils avaient tout quitté, leur famille, leur bien-être, leur avenir, leur travail pour une seule et unique chose : retrouver la liberté, La liberté de choisir de vivre dans un pays, un état Libre et démocratique. De vivre en paix Ils n’ont pas connu le fruit de leurs actions. N’oublions jamais. Ce qui ici s’est déroulé un 16 juin 1944. Ils ont fait cela pour nous. Je terminerais avec cette phrase de René Char, résistant et écrivain BasAlpin Vous tendez une allumette à votre lampe et ce qui s’allume ne s’éclaire pas. C’est loin, très loin de vous, que le cercle s’illumine. Je tiens à vous remercier très chaleureusement de votre présence Merci aux familles, d’être présents, nous savons ce que nous leur devons