Histoire

Quelques lignes d’Histoire…

L’étude du bâti ne permet pas toujours d’écrire l’Histoire des lieux ; les textes anciens viennent compléter le tableau et placent l’origine de Saint-Martin-de-Brômes au XIème siècle.

Baigné par les eaux du Colostre, Sancti Martini de Bromezes, comme écrit dans le Cartulaire de Saint Victor en 1064, voit son habitat se former par agglomération autour d’une église.

Un acte de donation de 1042 des frères Guntardus et Ugo Tinetus à l’abbaye Marseillaise mentionne l’existence d’une église et du territoire de Saint-Martin-de-Brômes.

Un accord, fixant les obligations mutuelles entre moines et chevaliers, signé le 9 novembre 1182, témoigne que Saint-Martin était un domaine monastique de Saint Victor. L’accord prévoit la construction de la maison des moines, l’assistance, le conseil et la fidélité des chevaliers fieffés.

Ces quatre chevaliers que sont : Rostang et Bernard de Brômes et Guillaume et Raimond de Saint Martin reconnaissent tenir à l’abbé tout ce qu’ils possèdent et protègent le castrum au nom du monastère. Le terme castrum, fixe un premier état de construction du village de Saint-Martin-de-Brômes (bourg fermé et fortifié ou château fort, forteresse).

Enfin, en 1343, Boniface de Castellane, seigneur du village voisin d’Esparron-de-Verdon, échange avec l’abbaye de Saint Victor, la terre d’Oriol, contre celle de Saint-Martin. On peut supposer qu’à l’occasion de cette nouvelle possession, le seigneur fit ériger la belle tour de pierre qui domine le village depuis le XIVème siècle.

L'insurrection de 1851

– Capon Balthazar

– Franc Sauveur

– Monier Pierre

– Tardivy Henri-Pascal

– Bouteil François Marius

– Bouteil Jean-Pierre

– Jehan Louis Frédéric

– Michel Charles

 

Ces noms ne vous disent certainement rien. Pourtant, ce sont les noms des 8 Saint-Martinois qui en 1851, ont été les victimes de la répression pour avoir résisté au coup d‘Etat du Prince Président qui, dans la foulée, allait se proclamer Empereur.

Un peu d’histoire :

En 1848, Louis Napoléon, Bonaparte est élu Président de la République. En vertu de la constitution, il ne peut se représenter pour un deuxième mandat. Tenant à conserver son poste, et devant la crainte du « spectre rouge » qui verrait la victoire des démocrates socialistes, il va s’allier aux conservateurs pour organiser un coup d’état. Au matin du 2 décembre 1851, il propose 6 décrets proclamant la dissolution de l’Assemblée Nationale législative, le rétablissement du suffrage universel masculin, la convocation du peuple français à des élections et la préparation d’une nouvelle constitution pour succéder à celle de la Deuxième République.

 

Si le peuple de Paris réagit relativement peu pour défendre une assemblée conservatrice qui l’a dépouillé d’une partie de ses droits politiques, ce n’est pas le cas dans les zones rurales de près d’une trentaine de départements.

La situation dans les Basses Alpes :

             La dépêche annonçant le coup d’Etat arrive à Digne dans la soirée du 3. Le préfet Dunoyer s’empresse de publier les décrets présidentiels. Le 4 décembre, il fait arrêter l’avocat Charles Cotte et quatre autres républicains influents. Une vive émotion se manifeste dans le chef-lieu du département, sans que le calme soit véritablement troublé.

C’est de Mane, dans la nuit du 4 au 5 décembre, que fut lancé le signal de l’insurrection générale, préparée à Forcalquier en fin d’après-midi du 4 par le docteur Rouit, l’ex-garde général des Eaux et Forêts Ailhaud de Volx et l’horloger Pierre Emmanuel Escoffier, principal meneur montagnard de la ville.

Depuis Manosque, dont la municipalité est tout acquise aux idées républicaines, une colonne de plusieurs centaines d’hommes part le 5 au matin sous la direction de l’ancien maire, également révoqué, Joseph Buisson. Gonflée par les apports des communes voisines, elle comprend un millier d’individus à son arrivée à Forcalquier en fin de matinée.

Les républicains n’ont aucun mal à s’emparer de la mairie et de la sous-préfecture ainsi que de la gendarmerie et de la recette particulière. Le sous-préfet Paillard et le substitut du procureur de la République Paulmier, sans troupes et abandonnés par presque tous les hommes du parti de l’Ordre, sont arrêtés.

Au cours de la journée du 5, la colonne de Manosque est rejointe par des contingents venus du nord et de l’ouest de l’arrondissement (Reillanne, Banon, Saint-Etienne-les-Orgues…). Finalement quelque 3 000 hommes occupent Forcalquier. Un Comité insurrectionnel d’arrondissement est formé, placé sous la présidence de l’instituteur révoqué Noël Pascal.

Dans la journée du 5, les zones méridionales des arrondissements de Sisteron et de Digne commencent à bouger à leur tour.

Des groupes de résistants se forment activement dans le canton de Volonne sous l’impulsion d’André Ailhaud, qui, depuis la commune de Château-Arnoux où il est domicilié, engage les communes voisines à se préparer au mouvement. La gendarmerie de Volonne est désarmée. Une échauffourée oppose André Ailhaud et sa troupe à quelques gendarmes volonnais au lieu-dit de Font-Robert, à la sortie de Château-Arnoux.

Le samedi 6 au matin, les républicains de Sisteron, renforcés par les contingents des communes rurales environnantes, dont un contingent venu des Hautes-Alpes, se rendent maîtres de la ville. A la suite d’une grande manifestation populaire, le maire et le conseil municipal sont contraints de démissionner : ils sont remplacés par une Commission municipale révolutionnaire, présidée par le chef montagnard Férévoux. Le sous-préfet et le faible détachement dont il dispose (80 soldats environ) se retirent dans la citadelle. La colonne insurgée de Sisteron quittera la ville dans la journée pour descendre la vallée de la Durance

L’objectif des républicains est de marcher sur le chef-lieu du département, en remontant la vallée de la Bléone.

La colonne venue des cantons de Riez et de Moustiers, grossie des résistants de Mézel et de son canton, compte plus d’un millier d’hommes lors de son arrivée le 6 vers minuit, près de Digne.

Les chefs des républicains, installés à la préfecture, constituent aussitôt un Comité départemental de résistance, chargé de remplacer le préfet en fuite.

Presque partout dans le Sud-Est, la journée du 8 décembre voit s’évanouir les derniers espoirs des républicains. Cependant, dans les Basses-Alpes, la résistance républicaine va durer plus longtemps qu’ailleurs. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, le mouvement insurrectionnel éclate dans le nord du département, à Barcelonnette, jusque-là restée calme. Quatre cents hommes se réunissent sur la place, désarment les gendarmes et arrêtent le sous-préfet et les autorités locales

 

Mais ce même lundi 8, vers 5 heures de l’après-midi, la nouvelle parvient qu’un bataillon du 14ème léger parti la veille de Marseille marche sur Digne

Le lendemain, 9 décembre au matin, ce sera le “ combat des Mées ”. Les républicains se défendirent avec rage et fanatisme ” Soixante insurgés environ ont été tués et plusieurs soldats ont également péri.

De fait, les nouvelles recueillies auprès des soldats faits prisonniers durant l’engagement ne permettent plus de douter de la réussite du coup d’Etat. La plupart des meneurs républicains donne aux insurgés, pourtant invaincus, le signal de rompre les rangs et de regagner leurs foyers. En même temps, dans la nuit du 9, les derniers émeutiers restés sur place à Digne, abandonnent la préfecture.

Sur l’ensemble de la France, plus de 27 000 personnes sont arrêtées et inculpées. La ville sera reprise le 13 décembre82. Le département des Basses-Alpes est administré par un « Comité départemental de résistance », le 7 décembre 1851. Mais l’armée, ralliée au Président, vient à bout de ces résistances. Cela sera facilité par le fait que les préfets bonapartistes disposaient du télégraphe, alors que les républicains n’avaient pas de moyens de communication.

Un bataillon entre à Manosque dès le 10 et rétablit l’ordre à Château-Arnoux et dans le canton de Volonne le 12. Les troupes des Hautes-Alpes réoccupent Sisteron le 10, Digne le 12 et Barcelonnette le 15 au matin. Forcalquier est réoccupée le 12 et Saint-Etienne les Orgues le 14. En quelques jours, elles tiennent tout le département, déclaré en état de siège depuis le 9.

La répression :

De véritables chasses à l’homme sont organisées, en particulier dans le bois de Lure où plusieurs centaines de révoltés se sont réfugiés. Outre les fusillés de Saint-Etienne, le journal « Le Glaneur » du 25 décembre rapporte que « deux autres insurgés ont été tués entre Saint-Etienne et Fontienne, pendant qu’ils fuyaient, et cette nuit on en a encore fusillé trois autres dans la montagne. Partout, dans le département, on arrêta ceux qui étaient convaincus ou soupçonnés d’avoir pris part au mouvement. »

En raison de l’ampleur et de la durée du mouvement insurrectionnel bas-alpin, le plébiscite des 20-21 décembre est décalé d’une semaine. Louis-Napoléon Bonaparte avait appelé le peuple tout entier aux urnes pour entériner son coup d’Etat. Du fait sans doute de l’atmosphère de peur suscitée par la répression, mais aussi peut-être afin d’obtenir la libération de leurs parents et amis arrêtés, les électeurs du département votent massivement en faveur du Oui (98,2 % des votants, soit le deuxième meilleur score national) …

La résistance menée par les républicains (Victor SchœlcherVictor HugoJean-Baptiste Baudin…), par des membres du parti de l’Ordre non ralliés (le père Lacordaire, le prince de Broglie) est écrasée par l’armée en quelques jours.

 

Si l’on compte plusieurs centaines de tués à Paris, il n’y a pas de bilan global des affrontements et exécutions sommaires d’insurgés menées par l’armée

Sur l’ensemble de la France, plus de 27 000 personnes sont arrêtées et inculpées

Ces zones connaissent « une chasse à l’homme, avec son cortège de dénonciations et d’exécutions sommaires » (127 fusillés selon Raphaël Lahlou) puis jusqu’en janvier 1852, ce sont des arrestations massives non seulement dans les départements soulevés, mais sur tout le territoire.

Dans un premier temps, 26 884 personnes sont arrêtées, essentiellement dans le Sud-Est, le Sud-Ouest et quelques départements du Centre, 21 000 sont condamnées par des commissions mixtes (composées dans chaque département du préfet, d’un général et d’un magistrat) dont 9 530 à la transportation en Algérie et 239 autres au bagne de Cayenne. Les 250 chefs présumés de l’insurrection sont traduits devant un conseil de guerre tandis que 66 députés, dont Victor Hugo qui s’est déjà enfui à Bruxelles pour un long exil; SchœlcherRaspailEdgar QuinetAdolphe ThiersProsper Duvergier de HauranneCharles de Rémusat sont frappés de proscription par un décret présidentiel.

Le coup d’État est légalisé par un plébiscite (21-22 décembre) qui accorde à Louis Napoléon les pleins pouvoirs pour établir une Constitution. Promulguée le 14 janvier 1852, celle-ci instaure le second Empire.

La dignité impériale est rétablie au profit du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, qui devient officiellement « Napoléon III, Empereur des Français » à compter du 2 décembre 1852, date anniversaire symbolique du coup d’État, du sacre de Napoléon Ier et de la victoire d’Austerlitz.

 

 

 

 

 

L’hommage de la commune :

9 hommes de notre commune ont tout abandonné pour soutenir cet idéal de Liberté. Ils étaient menuisiers, garde-champêtre, cultivateur, fourniers…. Ils ont été inculpés, jugés, condamnés pour avoir osé défendre la Liberté. Pour avoir combattu Napoléon le petit comme le surnommera Victor Hugo.

Pour rendre hommage aux résistants de la commune, la mairie a décidé de changer la dénomination de la partie de la place de la Libération où elle est située en place des Résistants Républicains.

Une stèle a été érigée et a été inaugurée le vendredi 13 mai 2022.

 

Quelques liens utiles :

Mairie de Saint Martin de Brômes (saint-martin-de-bromes.fr)

Accueil – Association 1851

Coup d’État du 2 décembre 1851 — Wikipédia (wikipedia.org)

 

 

 

 

16 juin 1944 : Massacre à Saint-Martin

Au petit matin du 16 juin 1944, la 8ème compagnie de Brandebourgeois est chargée d’infiltrer et de détruire le maquis. Ils sont à la recherche de la 14ème compagnie de résistants. Ils sont déployés dans le département.

Cette compagnie est composée de français à la solde des nazis.

Le 15 juin, ils sont à Riez.

A l’aube du 16 juin, ils se déploient sur Valensole, Allemagne en Provence, Gréoux les Bains et Saint-Martin de Brômes.

Des sentinelles sont placées dans la vallée du Colostre et entre Gréoux et Valensole. Le déploiement est considérable.

A Saint-Martin, ils rassemblent les habitants sur la place. Ils fouillent les maisons, en saccagent certaines…

C’est à ce moment qu’Arsène Burle est capturé. Il a 46 ans. Trop inquiet pour les siens, il s’est approché et caché dans un coin de la place. Il est découvert. Il est arrêté. Ses compagnons de maquis sont restés dans la forêt.

On le déplace entre Valensole et Gréoux. Les Brandebourgeois lui laissent penser qu’il va être libéré… Ils le tuent dans un champs alors qu’il fuit.

Marius Monti vient de Nice. Il est caché dans le grenier d’une ferme près de Valensole. Il est découvert. Les miliciens lui tirent dans les jambes. Ils le torturent pour le faire parler. Il sera abattu au pied d’un amandier dans le vallon de Peire Amare. Une stèle y honore sa mémoire.

Vers 11h30, on entend une fusillade. Un détachement de la 14ème compagnie de résistants a attaqué la voiture d’un officier entre Gréoux et Saint-Martin.

Au soir du 15 juin, les 15 jeunes varois sont aperçus, se désaltérant à une fontaine de Riez. Ils travaillent sur des coupes de bois. Ils sont arrêtés, et déplacés sur la place du village d’Allemagne. Ils assistent à l’exécution de 6 hommes. On leur fait croire qu’il y a du travail pour eux en Allemagne. Ils acceptent.

Descendant la vallée du Colostre, la colonne s’arrête au vallon des Bayle. Ils sont fusillés, au bord du chemin, dans le creux d’un talus.

Le 19 juin, au pied de ce vallon, un cheval refuse d’avancer. Son maître, Clément Charabot, le presse, il refuse toujours. Son maître descend et découvre les corps. L’alerte est donnée.

C’est un choc immense pour le village. Ils sont ramenés au village. Les portes et le fenêtres se ferment à leur passage. On évite aux enfants cette vision d’horreur.

Ils seront inhumés provisoirement dans le cimetière du village.  Leurs familles leur donneront leurs sépultures définitives.

Ils avaient entre 17 et 24 ans.

Ils s’appelaient :

Luis Bagarre

Camille Héraud, du Val ;

André Cabasse

Alexandre Sappa

Jean Magakian

Joseph Prestia

Gabriel Simondi, de Brignoles ;

Raphaël Fabiano

Eugène Botto

Gabriel Unia

Max Mares, de Carcès ;

Et un inconnu italien passé au maquis français.

Pour ne pas oublier ce drame, une stèle a été érigée à l’angle du vallon des Bayle et de la route départementale.

Tous les ans, le 16 juin, leur mémoire est honorée tant sur la place Arsène Burle qu’au vallon.

Des représentants des différentes communes, des membres des familles viennent se recueillir dans notre commune.

Ils n’étaient pas Saint-Martinois, mais ils le sont devenus.

Nous ne pourrons jamais oublier ce massacre de français, commis par des français, à la solde du fascisme.

Liens historiques :

O.-Pigoreau-8e-cie-Pour-HSCO.pdf (hsco-asso.fr)

Ces Français sous uniforme allemand qui ont écumé le Gard en 1944 – midilibre.fr

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