Les cloches de l’église
Un très beau clocher pyramidal domine l’église de Saint-Martin. Il abrite aujourd’hui deux volets de cloches Les traces sur les murs laissent penser qu’à l’origine le clocher a pu supporter 4 cloches, dans les 4 ouvertures prévues à cet effet.
Un peu d’histoire
A la lecture de l’inscription du millésime sur les cloches, on apprend qu’elles ont été refondues en 1890.
Des recherches montrent qu’elles sortent de l’atelier de Charles Arragon, ingénieur, chevalier de Léon XIII, fondeur à Lyon (1).
Les chevaliers de Léon XIII est un ordre pontifical qui récompense les serviteurs de l’Eglise soucieux de propager les enseignements pontificaux, de participer à des œuvres de charité et de s’entraider en cas de besoin.
En 1885, Charles Arragon (1848-1907) (2) reprend les établissements Guillet, Il rappelle ses prédécesseurs dans l’intitulé de l’entreprise : ANCIENNES MAISONS C. GULLIET & Vve GULLIET FILS. Charles ARRAGON SUCCESSEUR. Il s’attribue leur médaille de bronze reçue en 1872 à l‘Exposition
Universelle de Lyon. La dernière cloche connue de Charles Arragon est fondue à Goudargues (Gard) en 1905. Il décède le 2 mars 1907, 16, chemin de la Mouche à Lyon 3e. L’office religieux est célébré en l’église Saint-Louis à Lyon. Il est inhumé à Pont-de- Beauvoisin (Isère). Sa tombe ne rappelle pas sa qualité de fondeur, mais « Ingénieur, Chevalier de l’ordre de Léon XIII ». Il n’a pas eu de successeur (3).
Instruments de communication, touchant une population importante et dispersée, les cloches jouèrent un rôle considérable dans la vie quotidienne des paroissiens. Qu’elles sonnent l’angélus 3 fois par jour ; l’appel à, Instrument de communication, touchant une population importante et dispersée, les cloches jouèrent un rôle considérable dans la vie quotidienne des paroissiens. Qu’elles sonnent l’angélus 3 chaque cérémonie religieuse ; le tocsin en cas de danger ou le glas en cas de deuil ; les cloches étaient régies par un « règlement pour la sonnerie des cloches » instauré par chaque évêché.
Par exemple, la sonnerie horaire des cloches fut rendue obligatoire par le concile de 801 d’Aix-la-Chapelle.
Les grandes paroisses et les cathédrales possédaient plusieurs cloches aux sonorités et aux fonctions bien différentes, actionnées par le fameux sonneur de cloches. Ainsi, le célèbre « Bourdon », la plus grosse cloche de Notre-Dame de Paris, ne sonne que pour les grandes fêtes comme Noël ou Pâques.
Mais une cloche coute cher pour les petites paroisses de nos campagnes, et pour celles qui n’en possédaient pas ; c’était le campanier qui actionnait sa clochette sur la place du village pour signaler un baptême ou un enterrement.
On appelait campanier ou « clocheteur » la personne qui annonçait les baptêmes sur la place principale du hameau ou précédait les convois funèbres en agitant une petite cloche ou clochette. La coutume de signaler le passage d’un cortège funèbre par ce campanier vêtu de noir, appelé familièrement le « clocheteur des trépassés » s’est conservée jusqu’au début du xxe siècle dans les campagnes, alors que dans les villes officiait plutôt le crieur des morts.
Les paroissiens eux-mêmes doivent contribuer au paiement de la cloche du village, offrant selon leurs moyens, des vieux sous, des clous et d’autres matériaux au fondeur de cloche qui fabrique la cloche au pied de l’église.
On vénère la cloche au point même de la baptiser en présence d’un parrain et une marraine, choisis le plus souvent dans la haute bourgeoisie ou la noblesse.
La grosse cloche indique également que Charles Dol est le parrain des cloches.
Elles ont été refondues en 1890. Elles présentent donc un intérêt historique et patrimonial important pour notre commune. En 1890, le conseil municipal est informé, par un courrier du 14 mai, émanant de la fabrique,[i] que la grosse cloche est fêlée et la petite a un son désagréable. Proposition de refonte financée par la vente de l’ancien métal et la mise en place d’une dépense d’un millier de francs. Le poids de la cloche doit être augmenté de 50 kgs pour que les 2 cloches sonnent en accord, et donnent l’une le Do et l’autre le Sol, au lieu de donner comme avant le do et le mi.
En outre, l’escalier du clocher est devenu impraticable. La flèche est trop fragile pour mettre les cloches en branle.
Le conseil a décidé
- Qu’il y a lieu de refondre les 2 cloches
- Qu’il y a lieu de consolider le clocher et construire un escalier
- La fabrique, avec un revenu de 150 francs est dans l’impossibilité de faire face à la dépense. Une souscription publique sera ouverte
Les habitants de St Martin ont donné un peu plus de 100 francs. La fabrique sollicite le préfet pour un secours.
18 mai 1890 : refus du préfet pour la demande de secours de la fabrique
17 juin 1890 : Délibération du conseil municipal : Le maire soumet une demande du conseil de fabrique car une cloche est fêlée et le clocher menace ruine. Il sollicite un concours de l’état ou du département. Le président du conseil de la fabrique indique qu’il ne pourra être donné une suite favorable que lorsque la commune aura fait connaître ce qu’elle pourra prendre en charge. Le maire explique qu’il n’a pas connaissance des ressources de la fabrique qui devraient être soumises chaque année au conseil. L’accident de la cloche est lié aux enfants. La commune refuse de payer à l’unanimité moins une voix, celle de M Dépieds qui est membre du conseil de la fabrique.
4 juillet 1890 : Courrier du préfet à la mairie sur l’avis défavorable du conseil. La fabrique n’a pas déposé de budget. Le dépôt est obligatoire. Le préfet donne raison au maire.
Charles Dol est né en le 4 janvier 1838 à Valensole. Il était prêtre à St Martin de Brômes en 1886, il est resté jusqu’au début du XXème siècle. Avant 1906 il a été remplacé par Dauphin Stephen né à Quinson.
En 1891, il est âgé de 53 ans, il habite quartier de Sous la Tour avec un neveu Comte Clément (12 ans) et une domestique Figuier Philomène (40 ans).
Au vu de ces dates on peut supposer qu’il a participé à la restauration de la croix de jubilé.
[i] Au sein d’une paroisse catholique, le conseil de fabrique est un ensemble de personnes (clercs et laïcs) ayant la responsabilité de la collecte et de l’administration des fonds et revenus nécessaires à la construction et entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse : église(s), chapelle(s), calvaire(s), argenterie, luminaire(s), ornement(s), etc. Les revenus de la fabrique provenaient des quêtes, offrandes, dons en nature, loyers et fermages, legs mais aussi de la location des places de bancs dans l’église.
